lundi 6 juin 2016

Inspections et tout et tout

Je suis toujours là. Mais évidemment bien occupée.
Depuis mon dernier article et la naissance de notre qautrième, bien des choses se sont passées qui ont fait jaillir l'envie de reprendre la plume sur ce blog mais le temps manque cruellement et le sommeil haché de cette petite dernière n'aide pas à être efficace.

Parmi ces événements, il y eut nos deux premières inspections.

Celle qui, dans les locaux de l'éducation nationale, s'est très mal passée.
Oh, rien de grave, sans doute même que beaucoup aurait trouvé les conditions satisfaisantes : des exercices (qu'on a tout fait pour refuser), inadaptés, mais extrêmement faciles que ma Pomme aurait réussi encore plus facilement si la conseillère pédagogique n'avait pas tout fait pour la mettre en échec, ou du moins en difficulté. Mais à part sur des questions tordues "Et les unités, est ce que c'est des paquets ?" qui ont laissé Pomme (et son papa) perplexes, elle s'en est sorti comme une championne.
De mon côté, j'ai pesté auprès de l'inspecteur qui tentait de faire gagner du temps à la conseillère pédagogique en me posant des questions (dont il avait déjà toutes les réponses dans le courrier envoyé) : nom, prénom, activités extrascolaires, organisation quotidienne, pédagogie utilisée. Rien sur les progressions choisies ni sur le niveau de l'enfant. J'ai pesté donc, sur cette façon de faire inefficace à évaluer le niveau de ma fille, sur la pression que cela représentait pour un enfant de 6 ans (bon ok, quasiment 7) car de ses résultats à des exercices inadaptés dépendait le rapport de l'inspecteur, sur le fait que cela transforme notre obligation de moyen en obligation de résultat. Il a écouté, répondu qu'il était fonctionnaire et qu'il ne faisait qu'obéir à la loi. J'ai donc demandé à ce que l'année suivante, la loi soit effectivement appliquée et que le contrôle ait lieu chez nous.
Cerise sur le gâteau, la conseillère pédagogique est revenue nous voir dans la salle où nous rangions le matériel apporté qu'ils n'avaient pas regardé et m'a suggéré de relire les écrits de Maria Montessori. J'ai éclaté de rire. C'était vraiment une bonne blague de la part d'une personne qui pendant 1h30 à eu à coeur de nous montrer à quel point elle méconnaissait cette pédagogie.
Après cette note d'humour, le rapport fut très positif.
Pour la petite histoire, la conseillère pédagogique y confondait natures et fonctions grammaticales. Vraiment, beaucoup d'humour cette dame.

Celle qui m'a donné satisfaction.
Un an plus tard, c'est chez nous que l'inspection a eu lieu. J'étais décidée à ce que ça se passe autrement. J'ai veillé à tous les détails (pas de table et chaises inoccupées sur le trajet entre la porte et la salle de jeux par exemple). Nous les avons reçus en dessous de la mezzanine où est disposé le matériel Montessori. J'avais descendu un peu de matériel que nous utilisons.
J'ai demandé à ce que les filles assistent à l'entretien (j'avais demandé préalablement par mail, sans avoir de réponse) et que si exercices il y avait, ce serait après (mais j'étais décidé à ce qu'il n'y ait pas d'après). Et j'ai pris la parole. 1h30. J'ai détaillé dans les 7 domaines du socle commun de connaissances  ce que nous faisions, poncutant mon intervention par des présentations de matériel. Les filles, malgré leur timidité, ont montré comment elles utilisaient tel ou tel outil. J'avais filmé Lys en train de lire, anticipant le fait qu'elle ne pourrait pas devant un tel public (ils sont venus à 3... ). L'inspecteur et les deux conseillères pédagogiques ont semblé assez impressionnés. Ils ont apprécié notamment les flèches à encoches et le barres de géométrie. Le reste aussi, mais ces deux outils étaient vraiment une découverte pour eux. Nous les avons ensuite fait monté sur la mezzanine, rangée à la perfection pour l'occasion. Ce fut la.... cerise sur le gâteau (j'aime bien cette expression).
Et là, sure de moi, j'ai ajouté : "est ce qu'il y a autre chose que vous vouliez voir ? Vous avez besoin de faire faire quelques exercices ?"
Oh non, vraiment, non. C'était parfait.
L'inspecteur m'a ensuite félicitée pour mon implication. Et m'a fait une seule suggestion : éviter de rescolariser au moment de la 6ème, car le collège est bien différent de l'IEF. Il vaut donc mieux que l'enfant ait pu s'adapter en CM2 par exemple.
Le rapport fut... décevant. Nulle part n'apparaissait que nous utilisions les outils de la pédagogie Montessori.
Des cases disaient :
-"manuels :" et la conseillère pédagogique écrivait :"pas de manuels"
-"Cahiers : cahier de lecture" (euh... elle parle du cahier du book club, là ? le truc où il y a 3 pages écrites ? elle oublie le cahier d'histoire ? et nos classeurs et pochettes, qui certes ne sont pas des cahiers, n'auraient pas pu rentrer dans cete case ???)
Pas de case pour le matériel pédagogique. Et pour les sorties. Et tout le reste.
Ensuite, des grilles. Horreur, le palier du socle commun qui ne nous est pas applicable théoriquement. Avec des petites cases à cocher. Donc pendant une heure et demie, les conseillères pédagogiques ont écouté ce que je disais dans le seul but de le faire rentrer dans leurs petites cases. Je suis atterrée. Alors tout est satisfaisant (ou non évalué), rien à dire. Mais à la lecture de ce compte rendu, il n'y a aucune possibilité de savoir où en sont réellement les enfants. On sait par exemple qu'elles maitrisent l'une et l'autre les nombres jusqu'à 1000 (programme de fin de ce1), on ne sait pas que Pomme maitrise jusqu'au milliard et Lys "seulement" jusqu'à 9999. Et c'est valable pour chaque item.
Tant pis. Je ne vais pas faire ma difficile, après une inspection qui s'est si bien déroulée.

Voilà.

Et là entre en jeu Najat, ministre de l'éducation nationale, juge et parti.
Et Valls.
Qui décident que les règles pour ces contrôles doivent changer.
Qui ont dans le collimateur les écoles hors contrat et l'instruction en famille.
Qui trouvent que les paliers du socle commun sont une brillante idée.
Qui pensent que les exercices sont un bon outil pour évaluer la qualité de l'instruction.
Qui n'aiment pas l'assemblée nationale depuis une histoire de loi travail.
Qui trouvent qu'on est trop nombreux à choisir l'IEF (x3 en 4 ans, c'est sur, ça fait désordre).

Donc on prend :
Ce qui n'a pas fonctionné la première année, à savoir :
-les exercices inadaptés calqués sur le programme de l'année de CP ;
-la possibilité de décider du lieu du contrôle dans leurs locaux ;
Ce qui n'a pas fonctionné la deuxième année, à savoir :
-les paliers du socle commun (aurevoir liberté pédagogique, au revoir unschooling, et bientôt bonjour évaluations nationales...)
On mélange le tout, on pond un petit décret (histoire d'éviter le passage par l'assemblée) et hop, on impose tout ça.

Voilà. C'est fait. Ou presque, puisque c'est très probablement jeudi que tout ça sera signé.