J'sais pas comment tu fais !

Qu’elles travaillent à plein temps, à temps partiel, ou qu’elles soient (comme moi) mères au foyer, toutes ont une phrase à la bouche quand on évoque l’école à la maison : «Honnêtment, j’sais pas comment tu fais ! »

A croire qu’elles se sont passé le mot !
Petite variante parfois, ou ajout  « je ne pourrais pas ! »

Alors d’abord, à vous toutes, copines et amies scolarisantes, je dois avouer que la première chose qui me vient en bouche dans ces moments-là c’est « je ne sais pas comment VOUS faîtes ! ».
Mais je ne le dis pas. Car si je sens parfois un léger soupçon d’admiration (parfois d'autres choses aussi, mais passons) dans votre exclamation, j’ai peur que ma réponse sonne, pour certaines, comme un jugement, alors que ça n’est pas du tout le cas !

Non, vraiment, je vous admire. Car... je ne pourrais pas !
Votre rythme effréné me serait absolument insoutenable.

Oui, j’ai mes enfants à plein temps. 24/24 quasiment et il est compliqué pour moi d'aller, ne serait ce que chez le médecin ! Quelques exceptions en ce moment car je m’échappe une fois par semaine pour prendre une leçon de conduite (eh oui, je ne conduis pas... encore !) et un samedi par mois pour ma formation Montessori. Je suis alors relayée par mon mari et parfois par une baby-sitter en or qui (malheureusement pour moi) quitte la région dans deux semaines… Pas de garderie, pas de grands-parents ou oncles/tantes/parrain/marraine dans les parages et s'il m'arrive très exceptionnellement de confier une fille voire même les deux, Champignon est encore bien petit. Sur le papier, ça peut donc paraître effroyable. Ça ne l’est pas.

Voilà donc, pour casser le mythe, quelques infos sur la vie au Nid !

Tout d'abord, j'ai du temps pour moi.
Si, si !
Pas forcément de longues plages, pas du temps que je peux occuper véritablement à ma guise, mais des moments de vraie détente.
Le matin quand les enfants jouent longuement ensemble, et en général calmement !
L'après-midi, quand nous recevons des amis, non-sco ou pas, pour des séances de papotages entre mamans, pendant que les enfants démontent la maison jouent.
Si nous ne voyons personne, et si j'en ressens le besoin, il m'arrive également de recourir sans culpabilité à un petit DVD.
Le soir, quand les enfants sont couchés.
Le week-end, quand j'en ai besoin, mon mari prend le relais.
Bref, finalement, j'arrive à souffler !

De plus, au quotidien, j'ai allégé le rythme.
En général j'essaye de limiter à deux par semaine les grosses activités (nécessitant de se déplacer en bus par exemple).
Les autres jours, nous tâchons de rester à la maison, de travailler un peu, de recevoir des amis chez nous ou nous nous cantonnons au quartier pour nos sorties (bibliothèque, parc, espace jeux, courses).
Pour le moment, Pomme ayant arrêté son activité de musique et danse, il n'y a plus d'activité extra-scolaire.
En gros, nous ne passons pas nos journées à courir ;)

Chaque matin de semaine, à 8h, quand celles d’entre vous qui ne sont pas déjà au boulot ou dans les embouteillages préparent en toute hâte leurs enfants pour l’école, je suis encore au fond de mon lit ! J'en sors au départ de mon mari, en ce moment vers 8h20. Et ma journée commence souvent par un café devant l'ordinateur ! Trop dur, n'est ce pas ! Vous commencez à comprendre comment je survis ;) ?
Ensuite, les enfants sont rarement habillés avant 10h. Le matin, ils sont calmes, détendus, pas question de les bousculer...
En même temps, ma Lys a tellement besoin de prendre son temps que si je voulais qu'elle soit prête sans stress pour 8h25, il me faudrait la lever vers 6h. Mais comment faites vous ???

Le soir, les enfants sont couchés vers 20h15 et s'endorment rapidement ! Sauf Champignon, que j'accompagne dans le sommeil par une tétée. Mais le calme règne et en général, vers 21h, je peux profiter de ma soirée !

Au quotidien, j'apprends à m'organiser.
Et comme je ne suis pas prise par des contraintes horaires, ça laisse une agréable marge de manœuvre.
De plus, le fait de prendre le temps permet aux enfants d'être assez autonomes : je ne fais jamais pour eux ce qu'ils sont capables de faire eux-mêmes ! Par exemple, les filles ont toujours le temps de s'habiller seules, ce qui est grandement appréciable pour moi !

Mon quotidien n'a donc rien à voir avec ce que vous vivez pendant les courtes périodes de vacances scolaires durant lesquels vous récupérez vos enfants après six ou sept semaines d'un rythme soutenu pour tout le monde.
Il vous faut probablement un temps de réadaptation pour réapprendre à être ensemble toute la journée, en famille.
Pour éviter l'ennui, générateur d’excitation et probablement de cris, vous vous sentez parfois dans le devoir de proposer chaque jour des activités à droite à gauche.
Les moments à la maison sont finalement rares et les disputes fréquentes.
Et au bout du compte, vous trouvez les vacances scolaires terriblement épuisantes (au point que vous vous dites "vivement la rentrée")
Jamais je ne tiendrais non plus avec un tel rythme !

Donc non, il n'y a rien d'admirable dans notre choix de vie.
Nous avons le luxe de la détente, de ne pas avoir à courir trop souvent, de ne pas se soucier constamment de l'heure qui tourne.

Je suis certes fatiguée (par des nuits hachées et des couchers tardifs), mais j'ai appris à renoncer quand je ne me sens pas la force de faire quelque choser (comme prendre 3 bus à l'aller et 3 au retour pour une activité hyper méga géniale... à l'autre bout de la ville).

Je dois ajouter aussi que ce qui  me permet de "pouvoir", c'est le plaisir que je prends, quotidiennement, à accompagner les découvertes de mes enfants. A les éveiller à la vie. A vivre avec eux des expériences uniques. Et je n'ai nullement envie de confier ces précieux moments à un tiers qui ne les savourera pas de la même façon !

Cependant, mon quotidien n'est évidemment pas représentatif de l'ensemble des familles non-sco.
Et pour certains parents, l'instruction en famille peut être véritablement épuisante. Je comprends donc aisément que vous préfériez un relais quotidien avec l'école.
L'essentiel à mes yeux étant de trouver son équilibre familial et de s'épanouir dans nos choix.